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Anaïs et Jérémy, en quête de sens à vélo

Portrait #2 – Anaïs et Jérémy, en quête de sens à vélo

Nous sommes Anaïs et Jérémy, un couple passionné de voyages et d’aventures ! Nous nous sommes rencontrés en école d’ingénieur il y a maintenant 7 ans. Après avoir passés 2 ans en Suède ensembles entre 2014 et 2016, nous sommes rentrés en France à l’été 2016 pour commencer à travailler en tant qu’ingénieurs en région parisienne, où nous vivons encore en ce moment.

Anaïs : J’ai 28 ans et j’ai grandi en région parisienne. J’ai découvert ma passion pour le voyage en partant en Erasmus en Suède entre 2014 et 2016. J’ai associé celle-ci à mon autre passion pour l’écriture et ai commencé à raconter nos voyages dans un blog, Elk & Cloudberry. La volonté derrière ce blog est d’inviter le lecteur à s’interroger sur sa façon de voyager et de donner des inspirations de voyage éco-responsable.

Jérémy : J’ai 29 ans et j’ai quitté ma campagne toulousaine pour venir faire mes études en région parisienne. De 2013 à 2016, j’ai vécu en Suède où j’ai commencé ma vie professionnelle, en tant qu’ingénieur en robotique. Cette expérience professionnelle a été très marquante pour moi, de par l’apprentissage du suédois, la découverte d’une nouvelle culture et une véritable expérience d’immersion dans un pays étranger.

Anaïs et Jérémy : C’est en Suède que nous avons développé notre goût pour le voyage et la découverte de nouveaux lieux et de nouvelles cultures. Cette expérience a pour tous les deux été une véritable immersion dans cette culture nordique, dont nous sommes littéralement tombés amoureux. Nous y avons adoré le calme de ses habitants, la nature omniprésente, les forêts à perte de vue, l’équilibre bien respecté entre vie professionnelle et vie personnelle, les petites maisons rouges perdues dans la campagne, les lacs. Tout là-bas invite au calme et à une vie paisible, des valeurs dans lesquelles nous nous retrouvons de plus en plus.

Même si beaucoup de choses nous ont plu en Suède, nous avons pris la décision de rentrer en France, nos proches commençant à nous manquer et n’ayant pas d’opportunités d’emplois stables en Suède.

Comment s’est faite votre prise de conscience écologique à chacun ?

Anaïs : Pour moi, tout a commencé avec le livre de Bea Johnson sur le zéro déchet offert par ma sœur en octobre 2018. Au-delà de la réduction de ses déchets, j’y ai trouvé une vraie invitation à repenser son mode de vie pour aller vers plus de minimalisme et remettre en question son rapport à la consommation. La transition se fait progressivement mais ne s’est jamais arrêtée depuis, nous essayons continuellement de changer nos habitudes de consommation pour diminuer notre impact sur la planète.

Jérémy : Sensible depuis longtemps sur les problématiques environnementales sans vraiment connaître l’ampleur du problème et savoir ce qui était faisable au niveau individuel, j’ai été entraîné par Anaïs sur le changement de nos habitudes d’alimentation, de gestion des déchets, de rangement et de consommation en général. J’ai d’abord pris conscience de la quantité impressionnante de déchets que nous pouvions produire à deux, avant de me rendre agréablement compte de la facilité avec laquelle nous avons mis en place des actions très simples pour les réduire.

Quel impact cela a-t-il eu sur votre vie quotidienne et professionnelle  ? 

Anaïs et Jérémy : Nous avons adoré voir notre poubelle se réduire progressivement au fur et à mesure des changements mis en place : faire nos achats en vrac autour de chez nous, investir dans un lombricomposteur pour avoir une solution de compost dans notre appartement, faire nos propres yaourts, éviter les emballages plastiques au maximum. La suite s’est enchaînée assez naturellement, nous avons commencé à nous renseigner petit à petit sur les autres thématiques de la transition écologique.

Nous avons maintenant une alimentation quasiment végétale, et consommons très occasionnellement du poisson, des produits laitiers ou des œufs. Ce n’est pas du tout une contrainte pour nous, nous avons adoré apprendre à cuisiner les légumineuses et à associer les saveurs avec des épices. La variété de l’alimentation végétale nous surprend encore et toujours !

Sur les autres thèmes, nous avons trié nos affaires pour aller vers une vie plus simple et minimaliste et avons drastiquement réduit notre consommation en général (habits, gadgets, électronique). Nous essayons maintenant de nous tourner au maximum vers des solutions de seconde main, même si ce n’est pas toujours très évident et que nous avons encore un peu de chemin à parcourir de ce côté-là.

Enfin concernant notre vie professionnelle, la transition est en train d’avoir un véritable impact pour nous deux. C’est notre gros chantier du moment ! Avec nos métiers actuels dans l’automobile (Anaïs) et la défense (Jérémy), nous partons de loin et avons du pain sur la planche pour réinventer nos emplois respectifs. Nos visions de la réussite ont aussi clairement changé ces derniers temps, nous ne nous reconnaissons plus du tout dans le modèle des grosses entreprises dans lesquelles le but est de gravir les échelons et de faire grimper son salaire, souvent au détriment de sa vie personnelle.

Notre objectif à moyen terme est de trouver une nouvelle façon de gagner notre vie plus en accord avec nos valeurs et de quitter la région parisienne. Un sujet qui nous donne encore beaucoup de fil à retordre à tous les deux en ce moment et sur lequel beaucoup de questions sont encore ouvertes… 

Quel a été votre déclic par rapport à votre façon de voyager ?

Anaïs et Jérémy : Avant notre prise de conscience, nous étions des (trop) gros consommateurs de voyage, c’est assez effrayant d’y repenser maintenant. Notre mode de voyage préféré était le road trip. Entre 2017 et 2019, nous avons été en Islande, en Ecosse, en Irlande, en Italie, sur l’île de la Réunion, en République Tchèque, nous sommes retournés deux fois en Suède et notre dernier voyage en date, en octobre 2019, était au Québec. Nous avons pensé plusieurs fois à annuler ce voyage tant il devenait incohérent avec notre mode de pensée, mais sommes finalement partis… 

A posteriori , nous ne regrettons absolument pas ce choix de partir, car c’est un voyage qui nous a fait complètement remettre en question notre conception du voyage. Nous avons adoré les paysages et les grands espaces du Québec, mais sommes revenus avec un sentiment de frustration… Frustration de n’être restés que 2 semaines, d’être entrés dans des parcs naturels magnifiques pour en ressortir moins de 2 jours plus tard. De voir les choses sans vraiment les voir à travers la vitre d’une voiture et de ne pas avoir le temps de les vivre… D’effleurer le pays sans vraiment s’imprégner de la culture, sans faire de rencontres et sans expérimenter la magie de chaque saison. Une frustration telle que nous lui avons d’ailleurs dédiée un article sur le blog.

Notre premier déclic sur le voyage est arrivé assez tard par rapport aux autres actions de notre transition écologique : un peu avant ce road trip au Québec. C’était durant l’été 2019 en lisant l’article sur l’impact des transports en voyage du blog TourDuMondiste. Nous avions commencé à lire quelques articles de blogs sur le tour du monde, car nous voulions partir faire un voyage long de quelques mois. Au début, nous pensions à un tour d’Asie du Sud-Est ou d’Océanie. Puis ce projet est devenu un road trip en voiture électrique en Norvège. Mais nous n’étions pas encore pleinement satisfaits de cette idée…

C’est à ce moment-là que nous avons découvert le voyage à vélo et le blog d’Un Monde à Vélo. Et là, ça a été le déclic total en découvrant les multiples possibilités offertes par les EuroVélo en Europe.

Nous en sommes donc arrivés au projet final : un voyage à vélo de plusieurs mois en Scandinavie au départ de Hambourg, avec dans l’idée de rejoindre si possible le cap Nord.

Depuis septembre 2019, nous avons donc préparé ce voyage, mettant entre parenthèses nos envies de changer de job et de quitter la région parisienne pour nous concentrer sur ce projet. Finalement, la crise du Covid a eu raison de celui-ci. Nous devions partir début mai en plein confinement… Mais nous le gardons dans un coin de notre tête pour des jours meilleurs et travaillons activement à notre transition professionnelle depuis le déconfinement.

Sans oublier le voyage à vélo, pour lequel nous avons maintenant tout l’équipement ! Nous venons tout juste de revenir d’un voyage sur la Vélodyssée qui a vraiment fini de nous convaincre que voyager à vélo est une façon de découvrir le monde qui nous correspond totalement. Être proche de la nature de cette façon, en totale liberté et prendre conscience que nos jambes peuvent nous porter sur de longues distances, ça a été le déclic complet. Ce qui est certain, c’est que nous n’avons pas fini de parcourir l’Europe en petite reine.

Quels conseils donneriez-vous à d’autres voyageurs pour voyager de manière plus responsable ? 

Anaïs et Jérémy : Nous pensons que l’étape la plus importante avant de mettre en place des actions pour voyager de manière plus éco-responsable est de changer sa vision du tourisme. L’idée est de ne plus voir le voyage comme une check-list d’endroits “à faire”, mais plutôt comme un moyen de bouleverser son quotidien pour se sentir dépaysé : sortir de sa zone de confort en changeant ses habitudes (activités, logement, alimentation, rencontres). Et pas forcément besoin de partir loin pour ça : une itinérance à pied ou à vélo en France peut enseigner une vie plus minimaliste, une semaine de wwoofing en Europe peut faire découvrir le métier d’agriculteur et permettre de faire des rencontres par exemple.

En changeant sa façon d’appréhender le voyage de cette façon, nous ne vivons pas du tout comme une contrainte ou un sacrifice le fait de ne pas prendre l’avion ou de ne pas partir au Japon ou en Thaïlande pour nos vacances. Par contre, avoir ce déclic de changement de perspective n’est pas immédiat, c’est un processus personnel qui prend du temps. Le mieux, selon nous, reste de tester. Le moment semble parfaitement bien choisi pour voyager autrement : nous sommes tous invités à rester en France cet été. C’est l’occasion parfaite d’expérimenter, pour commencer doucement ce processus de transition vers une façon de voyager plus éco-responsable. Deux de nos amis qui étaient censés partir en Croatie cet été ont par exemple revu leurs plans et vont partir à vélo sur la Vélodyssée à la place, c’est l’idée !

Une fois qu’on se sent convaincu, mettre des actions en place est plus facile. La première étape est de choisir une destination qui permet d’utiliser des solutions de mobilité douce comme le vélo, la marche à pied et le train, pour s’y rendre, mais aussi une fois sur place. Ceci implique aussi d’adapter son choix de destination au temps dont on dispose : il est compliqué de se rendre au Japon pour deux semaines de vacances sans prendre l’avion par exemple.

Concernant la destination, sortir des sentiers battus et éviter les endroits trop prisés est aussi un point de vigilance à avoir. C’est en pédalant sur la Vélodyssée que nous avons eu quelques réalisations vis-à-vis de ce sujet : des fronts de mer dénaturés par des constructions hôtelières immenses, des villes fantômes sans les touristes avec tous les volets des maisons fermées, au contraire certains endroits comme l’île de Ré ou la Palmyre complètement surpeuplés et pris d’assaut par les vacanciers. 

Le choix du logement est aussi important à nos yeux, même si nous commençons tout juste à nous renseigner de ce côté-là. Grands adeptes de la plateforme Airbnb depuis notre Erasmus en Suède, nous nous rendons peu à peu compte que la solution n’est pas idéale. Ces logements “vides” la plupart du temps peuvent avoir un impact néfaste sur le marché immobilier local et participer à créer une impression de ville fantôme en hors saison. Concernant les hôtels et campings, la prudence et l’information sont également de mise. Utilisation intensive d’eau et de produits chimiques pour le nettoyage tous les jours, production parfois importante de déchets avec échantillons de cosmétiques, gobelets jetables, tout n’est pas rose. Heureusement des plateformes comme Ethik Hotels et des labels comme la Clef Verte permettent de faire un choix par rapport à un certain nombre de critères.

Quels sont les voyageurs responsables qui vous inspirent le plus ?

Anaïs et Jérémy : Mila et Denni d’Un Monde à vélo pour nous avoir fait découvrir le voyage à vélo, mais également pour leur choix de vie à moitié nomade et à moitié sédentaire. C’est un mode de vie qui nous plairait bien, mais que nos emplois salariés actuels ne nous permettent pas… C’est aussi une part importante de nos réflexions sur notre changement de vie : au-delà de juste changer d’entreprise, nous essayons vraiment de trouver de nouvelles carrières qui nous permettraient de voyager plus.

Céline et David, du blog Iznowgood, pour avoir réussi à réorganiser leur carrière autour de leurs valeurs écologiques et autour du voyage. Leur année autour du monde sans avion est vraiment un projet qui nous fait rêver.

Champ libre

Anaïs et Jérémy : Un autre sujet lié à l’écologie qui nous passionne est l’alimentation végétale. C’est un sujet que nous trouvons crucial pour la transition écologique et qui nous a particulièrement choqué, quand nous avons pris conscience de l’impact de l’élevage sur la planète. Quand nous avons appris que 70% des terres cultivées sont destinées à l’alimentation du bétail, avec toutes les conséquences néfastes associées : monoculture qui appauvrit les sols, déforestation, consommation d’eau, émissions de gaz à effet de serre, nous avons rapidement changé nos habitudes.

Nous invitons d’ailleurs tout le monde à mettre en place des actions de ce côté-là, même petites. Réduire sa consommation de viande et de produits d’origine animale peut lancer un véritable cercle vertueux de reforestation et de meilleure utilisation des ressources de la planète.

De plus, cuisiner les légumes, les céréales et les légumineuses peut être vu comme une super activité créative. Nous y trouvons beaucoup plus de diversité et de possibilité que dans la cuisine plus traditionnelle de produits d’origine animale. Il y a mille et une façons d’associer les goûts, de cuisiner les légumes. La variété en fonction des saisons est aussi géniale et très intéressante à exploiter.

Les recommendations d’Anaïs et Jérémy

Côté lectures, nous partageons quelques recommandations dans un article sur notre blog. Les thématiques des livres présentés sont variées (zéro déchet, minimalisme, voyage à vélo) mais ce sont des lectures qui nous ont vraiment accompagnés dans notre transition écologique.

Côté documentaire, Home de Yann-Arthus Bertrand, est beau à regarder et donne vraiment envie de passer à l’action. Ce sont les impacts de l’élevage et de l’agriculture qui nous ont particulièrement marqués.

Sur les podcasts, nous adorons en écouter le matin au petit déjeuner alors nous avons pas mal de recommandations ! Déjà, ton podcast Voyageurs de demain est vraiment super pour s’inspirer à voyager autrement. A la croisée des chemins entre voyage et écologie, les intervenants ont toujours des parcours de transition écologique super intéressants ! Nous le recommandons chaudement. Un autre sur la thématique du voyage, mais plus pour rêver d’aventure cette fois-ci : Bourlinguez. Nous aimons bien le format de récit de voyage de chacun des intervenants.

Sur la thématique écologique, nous adorons Basilic. A travers des interviews de personnes engagées, le podcast motive à passer à l’action et à s’engager aussi personnellement et professionnellement dans la transition écologique.

Pour réinventer sa vie professionnelle en accord avec ses valeurs, le podcast Vécus de Ticket for Change est très inspirant et sur un format assez court et pratique à écouter dans les transports en commun par exemple. Le podcast Paumé.e.s de MakeSense est sympathique pour se rassurer sur le fait que nous ne sommes pas seuls à nous poser des questions existentielles sur notre vie professionnelle et l’impact positif que nous aimerions avoir sur la société.

 

Tu peux retrouver Anaïs et Jérémy sur leur blog Elk & Cloudberry, sur Facebook ou encore sur Instagram.

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